Il se passe toujours quelque chose à la Minoterie de Nay ! En 2004, c'est encore plus vrai. A la surprise de tous, on annonce la visite de Farah Diba, Impératrice d'Iran à la Minoterie de Nay et à son compatriote Chahab. Quelques jours plus tôt, ce dernier a reçu un coup de fil de Jean Desaunois maire de Capbis, un petit village à quelques kilomètres de Nay. Cet ancien rédacteur en chef de plusieurs agences de presse (Reporters associés, Sygmagazine et Imapress) qui a suivi la famille Pahlavi lorsqu'elle régnait en Iran demande à Chahab s'il est possible, à l'occasion de sa remise de Légion d'Honneur, d'organiser une visite de la Minoterie avec la shahbanou.
La réponse est bien sûr positive. De retour de Hollande après une exposition, Chahab se consacre aux préparatifs de cette venue exceptionnelle.
Le hasard fait bien les choses : l'exposition en cours à la Minoterie est celle de François-Xavier Fagniez dont le frère, médecin, s'est occupé du Shah.
La Shahbanou est restée une heure à Nay et a regretté que cet espace ne soit pas à Paris, pour mieux en profiter. Son intérêt s'est concrétisé quelque temps après avec l'acquisition d'une sculpture de Chahab, « La Parade » et d'une peinture, acheminées à Paris, résidence de Farah Diba, par Jean Desaunois.
La couverture du numéro 2930 de Point de Vue : quand il est sorti, on ne trouvait plus un exemplaire à Nay et ce n'était pas parce qu'il présentait les relations de Kate Middleton avec le prince William
Dans l'album photo de la Minoterie, il y a les clichés signés Michel Dieuzaide, témoins de la première exposition « Arts au féminin » (20 juillet-30 août 2001). Chahab se souvient de cette toute première fois comme d'un moment exhaltant, joyeux et plein d'énergie. La Minoterie, qui n'avait pas encore ouvert son artothèque, a attiré la foule pour l'occasion !
Dans la salle d'exposition, Chahab et les artistes Catherine Meziat, Christine Valcke, Marie Lansac. Photo Michel Dieuzaide.
La Minoterie de Nay a livré durant plusieurs décennies les boulangeries des alentours. Les sacs de 100kg étaient hissés par les ouvriers sur une charrette tirée par deux chevaux puis , le progrès aidant, entassés dans un camion, un Heuliez.
Un grand client de la Minoterie était particulièrement réputé : Jules Lapuyade et sa boulangerie biscuiterie de Montaut, petit village proche de Nay. Ce haut lieu du commerce proposait en plus du pain, des articles variés dans son épicerie et les dernières nouvelles puisque le commerce était également un café.
Les « biscuits Lapuyade » , auréolés de la Médaille d'or de Pau et Paris 1932, représentaient une marque portée par le slogan « les biscuits Lapuyade sont les plus fins parmi les meilleurs ».
La présentation était soignée : la boîte à biscuits en carton, parcourue par un vol d'hirondelles est doublement médaillée. La ménagère pouvait les acheter les yeux fermés.
Lire la suite : De la farine aux biscuits, la Minoterie fournisseur officiel
La Minoterie de Nay a conservé une brouette à sac de farine, comme celle qui figure sur la photo du début du XXe siècle avec la présentation au grand complet des ouvriers.
Ce diable porte une étiquette en fer des Ets Tripette de Paris.
Cette grande maison qui équipait les moulins et minoteries a été fondée en 1836 et comportait des ateliers à Pantin, 2 magasins à Paris, rue JJ Rousseau et rue du Louvre et une fabrique de gaze à bluter à Sailly-Saillisel (Somme). Elle avait pour activité principale la production de meules pour la fabrication de la farine.
A gauche, la brouette à sacs de farine de la Minoterie. Les roues de fonte faisaient résonner les planchers de bois de la minoterie.
A droite, Les ouvriers de la minoterie et la brouette à sacs de farine
Lire la suite : Chez Tripette et Renaud, outillage pour moulins et minoteries
La Minoterie de Nay a fonctionné grâce à l'énergie hydraulique fournie par le canal connecté au Gave de Pau. Devant ce bâtiment industriel, les vannes du canal portent encore la marque d'un grand fabricant palois, les établissements Couget qui furent maîtres des constructions mécaniques mais aussi, pionniers de l'automobile au début du XXe siècle.
Au pied du Château de Pau et en bordure du Gave de Pau, se trouvait l'usine Couget qui arborait fièrement, en grandes lettres sur ses ateliers, ses spécialités : "constructions mécaniques, serrurerie, fonderie". Fondés avant 1773, les établissements ont aussi accompagnés à Pau l'arrivée et le développement de l'automobile.
En effet, avec l'arrivée des premières voitures, un vrai luxe réservé à quelques privilégiés qui s'aventurent sur des routes et chemins semés d'ornières, l'Automobile Club Basco Béarnais (qui existe toujours aujourd'hui) est créé en 1898, à l'occasion d'une réunion organisée par M. W. K. Thorn et M. le comte G. Nitot, au Café Gil, rue Bayard à Pau. Parmi les pionniers intrépides figurait l’industriel Frédéric Couget, qui prit les rênes de l'entreprise en 1889.
Pau va devenir avec ces fous de mécanique et de vitesse un véritable berceau pour la compétition automobile. La première course internationale se déroulera le 5 avril 1899 de Pau à Bayonne (aller-retour). Le vainqueur, mit 3h57 minutes (arrêts déduits) avec sa Peugeot 2 places 10 CV.
La première course automobile de l’histoire à porter le nom de Grand Prix, se déroulera à Pau : ce sera le Grand Prix de Pau, le 17 février 1901, appellation inspirée des courses de chevaux disputées dans la capitale du Béarn.
En 1914, l’Automobile-Club participe à l'effort de guerre et met à la disposition de l'Etat toutes ses autos.
Dans les années 30, c'est Henri Couget, Directeur des usines depuis la fin de la première guerre mondiale et représentant des marques Citroën et Talbot, qui s'investira également pleinement pour la réussite des courses automobile et le rayonnement de Pau.
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Le samedi 25 juin dernier, l'association Nayart participait à la Journée nationale du patrimoine de pays et des moulins avec l'organisation d'une sortie en direction de l'unique moulin bio du département : le moulin Dufau exploité sous l'enseigne Lo Molièr à Saint Pé de Léren, non loin de Salies de Béarn.
La thématique de l'édition 2022 de la Journée du patrimoine de pays et des moulins, Etre et Renaître, convenait tout à fait à la Minoterie de Nay, reconvertie en centre d'art mais aussi au Moulin Dufau à Saint Pé de Leren. En effet, Romain Rouvreau, le nouveau meunier, s'est reconverti après une carrière d'ingénieur et a retrouvé un sens à son travail en reprenant l'affaire de Jean-Paul Dufau. Ici, les grains qui sont transformés en farine sont cultivés dans la région et sont produits en agriculture bio. Romain et Jean-Paul ont guidé le groupe dans le moulin, dans la partie ancienne, jadis connectée à un canal alimenté par le gave d'Oloron et dans la partie plus récente, à l'abri des crues du gave car surélevée.
Explications techniques sur le fonctionnement, les types de farine obtenus ont été données et la visite s'est achevée avec les achats de farine sur place : maïs, blé, sarrasin.
Rappelons que durant tout cet été, ces farines sont également en vente à la Minoterie de Nay, s'adresser à l'accueil.
La visite du moulin Dufau, le 25 juin 2022
En ces jours de fortes chaleurs, rafraichissons nous en découvrant les animaux qui vivent sous le bâtiment de la Minoterie, dans le canal de fuite.
La Minoterie est longée par un canal qui alimente une centrale électrique et est traversée par un canal de fuite qui, en cas de trop plein, est alimenté en eau.
Au cours d'une inspection de ce conduit étroit et bas, sur une pile de soutien, nous avons découvert un gros nid bien étrange, en forme de dôme, fait de mousse. Un peu plus tard, sur le canal, nous avons remarqué un petit oiseau qui plongeait, indifférent au courant et remous dangereux du Gave de Pau.
Qui était ce téméraire ?Il s'agit du cincle plongeur, un oiseau brun et gris à queue courte, au plastron blanc. Il trouve sa nourriture dans l'eau, plonge et vole sous l'eau, attrape larves et petits poissons.
Une espèce menacée : l'anguille
Nous avons été heureux de découvrir que le canal était également fréquenté lorsqu'il est en eau par une belle anguille, ondulant lentement et remontant le canal lorsque ce dernier avait un niveau peu élevé, ce qui nous a permis de découvrir cette sinueuse visiteuse aux petites nageoires pectorales. Sa présence est plutôt un bon signe puisqu'elle fait partie d'une espèce menacée.
Rappelons que la pêche est interdite en amont et en aval de la Minoterie (réserve de pêche).
Construit en 1932, composé de 9 cellules pouvant accueillir chacune 90 tonnes de blé, le silo de la Minoterie ressemble à une cathédrale en béton armé. Arrivé en gare de Pau, le blé était conditionné dans des sacs de 100 kg et acheminé en camion jusqu'à Nay où il était déversé dans une fosse située au pied du silo. Un élévateur le transportait en haut de la construction, au 4e niveau et il gagnait les différentes chambres de stockage. Pour éviter les moisissures et les charançons, le grain était régulièrement changé de cellule. Tout en haut du silo, sur une passerelle, une vis sans fin transportait le blé vers la Minoterie où il pouvait être moulu.
photos 1 à 3 : vues extérieures du silo
photo 4 : la base des cellules dans le silo
photo 5 : Le trieur du silo
photo 6 : Un escalier dessert tous les niveaux
photo 7 : Une réserve d'eau permettait d'humidifier les grains
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