En longeant le canal de la Minoterie et en observant l'aile sud du bâtiment, on observe sur le pignon de la partie qui accueille actuellement l'artothèque les traces d'une construction avec les lignes d'un toit, d'une porte et d'une cheminée.
La construction sur pilotis la vue actuelle sur le canal et le pignon de la Minoterie
Le bâtiment de la Minoterie tel que nous le connaissons aujourd'hui date de la fin du XIXe siècle mais il existait au-dessus du canal une édification attenante, détruite dans les années 60 semble-t-il à l'occasion du réaménagement du canal et de la centrale électrique juste en aval.
Cette construction, en pilotis sur le canal, était de facture différente : elle était construite en colombages et correspond plus à l'image que l'on peut se faire d'un moulin ancien.
En 1969, une carte postale de Nay est en circulation et on peut y découvrir la vue aérienne de la construction.
La carte postale avec la vue aérienne sur Nay et un zoom sur la partie du bâtiment
Le pont de Nay est un bel ouvrage avec ses arches, c'est un pont routier en arc en plein cintre qui enjambe le gave de Pau et résiste, au fil du temps à ses nombreuses crues, parfois spectaculaires.
Avant le XIVe siècle, plusieurs ouvrages en bois se sont succédés, emportés finalement par les crues. En 1828, le Conseil départemental des Basses-Pyrénées décide la construction d'un pont solide à Nay. Trois options sont débattues : le premier projet imagine un pont au niveau de la place Saint Roch, au niveau du Musée du béret actuel, ce qui permettrait d'économiser 400m de route. La deuxième option positionne l'ouvrage au niveau de la minoterie, ce qui implique de la détruire en partie.
Trop coûteux, ce projet sera heureusement abandonné pour donner la préférence à la construction du pont dans le prolongement de la mairie et de sa place afin de relier le centre de la bastide de Nay au village de Claracq. Malgré le coude très brusque formé par la route à Claracq à son débouché et l'obligation de détruire deux immeubles, c'est cette solution qui sera adoptée. L'ingénieur Cabarrus dirige les travaux et en 1853, le pont est quasiment terminé.
Illustrations :
- le pont compose le paysage de la promenade, le Saliga
- L'arrivée dans la bastide de Nay se fait par le pont de Claracq
- le pont de Nay en construction
un pont trop loin ou comment la Minoterie faillit être détruite
Un incendie donne naissance à la Minoterie de Nay
La Minoterie de Nay, telle que nous la connaissons aujourd'hui, a été édifiée à la suite d'un incendie qui ravagea la minoterie des frères Menginette, la minoterie de Laussat, entre 1887 et 1892. Un des deux frères, Pierre-Victor, est marié à Rose Mesplet dont la famille est propriétaire du moulin de Gratiaa, en amont de la minoterie de Laussat, site actuel de la Minoterie de Nay. Pierre-Victor, avec l'aide de son frère Jean-Louis va y entreprendre l'édification d'une minoterie moderne dans les années 1890 : la Minoterie Menginette Frères.
Cet incendie qui ravagea le bâtiment initial est la situation la plus redoutée des propriétaires et du personnel. Les faits divers sur le sujet nous montrent à quel point les moulins et minoteries sont fragiles.
Ainsi, à Mont-de-Marsan, la Minoterie disparaît en septembre 1846; « les murs (…) s'abimaient avec fracas, éteignant sous leurs débris la charpente et la boiserie, qui flambaient encore et entretenaient une immense fournaise » , un problème mécanique étant à l'origine du désastre :
« une courroie s'échappa de l'axe sur lequel elle tournait, et s'enroula autour de l'arbre qu'elle faisait marcher. Le frottement désordonné et l'accélération extraordinaire résultant de cette circonstance déterminèrent, en quelques secondes, la combustion de l'arbre, construit en bois résineux, et l'incendie se propagea avec une rapidité incalculable, à l'aide des gaines, des toiles et du matériel de l'établissement, tout composé de façon à servir d'aliment et d'auxiliaire au feu », Le Mémorial des Pyrénées 28 septembre 1846.
Récemment, nous avons pu récupérer un sac de farine de la Minoterie de Nay lorsqu'elle était la propriété de Victor Menginette (1858-1938). Conservé par un des clients de V. Menginette, une famille de paysans installés à Bruges, village proche de Nay, il a traversé les décennies, reprisé par endroits car, c'est bien connu, suivant la sagesse populaire et le souci d'économies, rien ne se perd et « ça peut servir ».
Sacs de farine utilisés à la Minoterie de Nay au fil des siècles (Moulins à cylindres Menginette puis Minoterie Charles Marsan et fils) et sac provenant d'une autre grande minoterie du Béarn, celle d'Orthez.