La Minoterie d'hier...
Les Minoteries sont des grands moulins qui fabriquent de la farine de façon industrielle
Notre Minoterie voit le jour dans les années 1890. Deux frères: Pierre- Victor et Jean-Louis Menginette sont à l'origine de ce projet.
Les frères Menginette, issus d'une famille de meuniers, avaient hérité de la gestion d'un minoterie en amont, mais à la suite d'un incendie, ils décidèrent de construire la minoterie sur son emplacement actuel.
En 1907, les deux hommes font également construire la centrale électrique, toujours en activité, située à côté de la Minoterie.
près la Première Guerre Mondiale, Pierre-Victor se retrouve seul aux commandes de l'entreprise familiale. il s'associe alors avec son gendre Joseph Labernadie. Tous les deux font fructifier l'affaire, notamment par la construction d'un silo, bâtiment de stockage des grains de blé.
... et d'aujourd'hui
En 1938, Joseph Laberdanie se retrouve seul à la tête de l'entreprise.
Face à la concurrence des autres moulins, il s'associe avec Charles Marsan en 1949, et lui cède la moitié de l'affaire.
Après le décés de Joseph Laberdanie, la Société Marsan reste seule aux commandes.
En 1968, l'activité du Moulin s'arrête. Bien que le silo continue de fonctionner pendant encore une dizaine d'anées, les machines sont peu à peu démantelées et le site devient une friche industrielle.
Il faudra attendre 1997 et l'achat de la Minoterie par l'artiste d'origine iranienne Chahab Tayefeh Mohadjer pour que la Minoterie vive à nouveau.
C'est en 2000 après trois ans de travaux, que la Minoterie devient un centre d'art contemporain et accueille sa première exposition "L'Art au féminin".
Entre temps, Chahab a crée l'Association Nayart pour gérer les activités du centre et de son artothèque ouverte en 2003.
Le 23 juin 1997, lors de son assemblée générale, la SNC Gaston Marsan et Cie décide à l'unanimité de vendre l'ancienne minoterie de Nay, composée d'un local désaffecté et de sa partie habitation, d'un silo également désaffecté et d'un terrain au bord du canal. Gaston Marsan a rencontré à plusieurs reprises Chahab, l'acquéreur installé en France depuis 1974. Entre l'artiste iranien et le chef d'entreprise, le courant passe et le relais se fait. Le 8 septembre 1997, a 46 ans, Chahab signe l'acte d'achat non sans quelques inquiétudes : il a en tête de transformer le lieu, d'en faire un centre d'art, de mixer les disciplines artistiques et d'en faire un lieu de vie dans un territoire semi-rural.
La Minoterie de Nay est à cheval sur le canal de Claracq parallèle au Gave de Pau. Aujourd'hui, ce canal alimente la centrale hydroélectrique de la SHEM.
Il fut un temps où ces cours d'eau étaient aménagés et plusieurs lavoirs communaux les équipaient. C'était un progrès et évitait aux femmes de faire la lessive au bord du Gave. En amont de la Minoterie de Nay, à quelques mètres du bâtiment, les fondations d'un ouvrage de ce type subsistent et apparaissent lorsque le niveau du canal baisse. Le lavoir de la Minoterie était desservi par le chemin rural n°14 dit de l'Abreuvoir. Le nom indique que le site voyait aussi passer le bétail des fermes environnantes. En 1928, Victor Menginette, propriétaire exploitant de la Minoterie autorise la Ville de Nay à organiser l'évacuation des eaux du lavoir dans le pertuis.
Pardies Pietat-Nay : la route des moulins ou tous les chemins mènent à la Minoterie de Nay
La Minoterie de Nay est desservie par la véloroute 81 du piémont pyrénéen de Pau à Lourdes et au-delà. Elle longe le Gave de Pau et offre aux marcheurs et cyclistes un parcours très apprécié qui se répartit entre voie en enrobé lisse et petits chemins ruraux peu fréquentés. Le tronçon Baliros- Lestelle Betharram qui passe par Nay et la Minoterie a été ouvert en 2015 : 24 km à travers champs, le long de ruisseaux, du Gave, des villages béarnais et face à la chaine des Pyrénées, panorama exceptionnel pour ce parcours, idéal pour une remise en jambes printannière !
C'est l'occasion pour le promeneur de s'intéresser aux multiples ouvrages qui ponctuent cette escapade, dont beaucoup sont liés à l'eau, à sa maîtrise pour l'irrigation ou à sa force motrice. De Pardies Piétat à Nay, partons à la découverte de la route des moulins !
De la Minoterie vers Igon : la route du fer
Après une halte à la Minoterie et la découverte de l'exposition en cours, continuez votre parcours sur la veloroute 81. C'est l'occasion de longer le silo de la Minoterie (édifié en 1932) par le chemin de l'Abreuvoir. Composé de 9 cellules qui stockaient chacune 90 tonnes de blé, cet édifice de béton a des allures de cathédrale ! Vous ne pourrez pas y entrer mais sachez que tout en haut, grâce à l'escalier qui dessert tous les niveaux, au 4e étage, la vue est imprenable sur les Pyrénées et offre un panorama à 360° sur Nay.
Le silo de la Minoterie avait un frère jumeau à Pau, construit également par la minoterie Marsan. Il a été détruit pour laisser la place à un ensemble immobilier et de loisirs.
Construite dans les années 1890, la Minoterie de Nay est pour le visiteur un endroit bien identifié avec ses piliers, poutres et planchers de bois. Quand elle fabriquait encore de la farine, la minoterie était aussi un univers écarlate; en effet, les différentes machines qui la composaient étaient peintes d'un beau rouge bordeaux.
Tous ces éléments venaient de la Société Générale Meulière de la Ferté sur Jouarre (Seine et Marne). La ville précise sur son site qu'elle était "Capitale mondiale de la meulière (et) était réputée dans le monde entier au XIXème siècle grâce à la dureté exceptionnelle de sa pierre meulière, extraite dans les carrières fertiles, qui alimentait les moulins du monde entier. Aujourd’hui encore, on retrouve des pierres à pain originaire de La Ferté dans toute l’Europe mais aussi en Amérique du Sud… et jusqu’en Nouvelle-Zélande !"
Avec l'invention des cylindres pour écraser les grains de blé, les meules de pierre ont peu à peu disparu.
La société Générale Meulière accompagna l'évolution des techniques et su réaliser les machines nécessaires aux nouveaux moulins, les minoteries.
(légendes : La Société générale Meulière, 3 cartes postales - Un tamis, encore présent dans le silo, rouge patiné)
Sous l'impulsion de l'entreprise Marsan, deux moulins rythmèrent la vie économique de deux quartiers et villes : le quartier Clarac à Nay (le village de Clarac est rattaché à Nay en 1863) et le quartier du 14 juillet à Pau.
Lire la suite : la Minoterie : rive gauche ou rive droite du gave ?
Le visiteur de la Minoterie peut admirer les vastes volumes de la salle d'exposition qui occupent près de 360 m2 au premier étage du bâtiment.
Au 4e niveau de l'ancienne usine, le grenier est remarquable avec son ensemble de poutres qui forme une structure complexe, coiffée d'une couverture en ardoises cloutées. L'ensemble est un beau témoignage du savoir-faire des artisans et charpentiers de l’époque, la fin du XIXe siècle, date de la construction de la minoterie actuelle (le silo date de 1932).
1) Un bel exemple du savoir faire des charpentiers dans le grenier de la Minoterie
2) 8 chiens assis dans le grenier offrent une perspective imprenable sur le canal.
Lire la suite : Sous le toit de la minoterie, le mystère de l'alphabet gravé
Parallèlement à sa carrière de peintre, graveur, sculpteur, Chahab est l'homme qui a réhabilité à partir de 1997 la Minoterie, un moulin industriel à l'abandon depuis 30 ans, sur les berges du Gave de Pau à Nay.
La Minoterie avait connu son heure de gloire, avec les allers et venues des camions, le silo plein à craquer de grains, les ouvriers de la société Menginette puis Marsan.
Chahab a trouvé dans cet immense bâtiment de la fin de XIXe siècle (3 étages à doter de planchers, un sous-sol , un plateau sous les combles , soit près de 1500 m2 à investir, 46 fenêtres, 8 chiens assis et 3 portes à changer !), flanqué d'un silo en béton armé (1932) un terrain de jeu, certes surdimentionné mais tellement inspirant : il y voit immédiatement l'occasion d'en faire un centre d'art et s'attelle à la tâche qui promet d'être longue, laborieuse, harassante. Aidé par des amis, des Nayais et une équipe d'un chantier jeunes international, Chahab donne forme au projet et 4 ans après l'acquisition, en 2001, la première exposition a lieu sur le thème l'art au féminin.
En 2021, l'association Nayart a 23 ans et les projets continuent... Réhabilitation du silo et création d'un pôle autour des arts du feu occupent à présent l'esprit de Chahab !