Du 5 avril au 24 mai 2014
Jean Lafforgue, peintures et Jacques Mataly, photographies
Jean Lafforgue
La peinture, malgré tout !
Depuis plus de vingt ans que je partage l’amitié de Jean Lafforgue, je le vois, je le sais, cherchant au travers de la peinture, une chose que l’homme d’ici-bas n’atteint que rarement.
Une quête qui fait sa vie, et l’aide à vivre. L’aurait-il trouvé, cet absolu où rien ne manquerait, qu’il aurait probablement cessé de peindre… Et pourtant, c’est de toile en toile, de coups de pinceaux en coups de pinceaux, de couleurs ajoutées ou recouvertes, que se fait l’avancement. Car Jean Lafforgue avance !
Lointaines sont déjà les premières toiles presque abstraites, les visages enfouis qu’une absence de fini libère de toute pesanteur, les jardiniers et autres personnages qui font désormais partie de notre mémoire. Ses peintures actuelles ont à voir avec l’infiniment grand et l’infiniment petit. Elles parlent de paysages d’enfance, de terres parcourues, de la nature immense et de l’homme fragile. Plus l’espace se fait rare, plus l’horizon se grandit. Et pour mieux l’affirmer, de petits êtres humains, parsemés dans la composition au même titre qu’un arbre ou une roche, viennent dire l’immensité d’un monde que la toile tente de cerner.
C’est ce monde-là que le peintre a désormais choisi pour déployer encore, cette toujours nouvelle et même quête ! Celle qui l’animait déjà lors de sa première toile… Car, même muni de quelques certitudes supplémentaires, inexorablement, de peintures en peintures, Jean avance.
C’est ainsi que se construit une oeuvre et que l’on parvient peut être à s’inscrire dans ce que Mallarmé donnait comme définition de l’art : « …avec l’indispensable mystère, exprimer le quelque peu ! » Ce peu qui est déjà beaucoup et que nous aimons tant.
Michel Dieuzaide, Castelvieilh, novembre 2013
Jacques Mataly
…Cette recherche depuis longtemps entreprise, cette fascination de l’horizon est plus que de la photographie, elle est une quête éthique de l’infini, du temps aux aguets. Dans cette attente de la lumière surgit d’un instant, de la couleur un moment donné, une contemplation, un véritable sens du sacré affleurent. Ce travail photographique est profondément pictural, on pourrait parfois penser à du Marc Rothko, mais c’est toujours du Jacques Mataly, tant est originale cette démarche sur les chemins de l’intangible, de l’éphémère absolue, vague après vague.
De nouvelles photographies s’ajoutent à cette recherche du temps suspendu qu’entreprend depuis quelque temps Jacques Mataly.
Homme de l’aube, celui du moment indécis où tout pourrait naitre ou disparaître, il part sur les falaises du monde guetter non pas le rayon vert, mais la naissance des rites magiques des épousailles entre ciel et mer. Pêcheur d’horizons, dans l’attente de la vague absolue, Jacques Mataly trace une ligne sans fin, et mer et ciel deviennent des ciels inversés où seule une ligne leur sert de point d’appui, de fuite vers eux-mêmes.
Le haut et le bas, le dehors et le dedans, se confondent à jamais. Parfois les nuages servent de miroir et à l’un et à l’autre. Des bleus profonds, des verts d’algues enfouies, des gris indécis, et des zébrures de rouge ou jaune comme traces du soleil enfui, sont les seuls personnages saisis en pleine méditation intérieure. Seule l’écume du moment qui n’ose plus passer semble chuchoter dans ses toiles, plus que photographies d’ailleurs.
Travail d’infini patience, de grande rigueur, d’obsessionnelle chasse à l’impossible, au risque du vertige de l’horizon et du vide, les photographies de Jacques Mataly ont tendu leur ligne où le temps a bien voulu se laisser prendre.
Gil Pressnitzer