Du 1er avril au 5 juin 2022
Mc Béguet, Nelly Bonnefis, Claudine Couget, Clarissa Marissal Nansouty Jean-Patrice Oulmont
Réminiscences de l'horizon, failles d'ombre, percées de lumière, la torpeur du temps cède le pas à la résurgence d'une prolifération fragile, d'un écoulement de fluides, d'un bourgeonnement sensible de couleurs, d'un épanchement bulbaire. La matière se découvre comme une introversion des profondeurs, une poétisation de la surface, comme le reflet des cycles de la vie.
Comme une renaissance à soi, l'exposition « convergence des plans » étiole l'univers de plasticiens qui ont en commun de creuser des sillons dans lesquels se révèlent des univers enfouis et invisibles qui fondent notre rapport au monde.
« La nature est miroir de l'âme. Elle prête ses lignes à l'expression très personnelle du peintre, le laisse dessiner à partir de ses formes, des paysages intérieurs ». Yves Poyet
Les artistes Claudine Couget réalise des paysages imaginaires laissant le sentiment de rejouer et d'agencer les effets du temps. Comme l'a fait la nature à l'origine précise-t-elle, la matière, les oxydes et les charges de terre s'insinuent sur la surface du papier gorgé d'eau pour se frayer un chemin, se rependre et finir par se fixer définitivement, révélant ainsi par la mimétique, à une autre échelle, un monde enfoui qui se modifie inexorablement. Le pliage et le dépliage, l'échafaudage de la main, révèlent aussi une ossature, une structure, une volonté de souligner l'ordre premier de la matière et de la nature.
Clarissa Marissal Nansouty, dite Soen, expérimente également ce jeu proliférant des formes, ce processus à l’œuvre proche d'un biomorphisme dont les ramifications évoquent la genèse de l'abstraction, celle de la nature, dans une correspondance permanente entre le végétal, l'organique et le minéral. En découpant, en tissant, en recomposant encore, elle apporte sa pierre à l'édifice, semblant ressusciter les premiers gestes structurés de la présence humaine sur terre.
Les œuvres de Nelly Bonnefis sont à fleur de peau ou de papier. Comme une sorte de songe, ou d'apparition de vie se déposant timidement sur la surface. A peine esquissée, cette chorégraphie de signes fragiles révèle une sorte d'intimité profonde, un langage à peine murmuré, les bribes d'une histoire, des traces, des pas, des empreintes...
Cette fragilité, cette poésie de la matière explose littéralement dans les gravures de Marie-Christine Béguet. L'extraordinaire maîtrise du geste, le point, la ligne, le trait, les valeurs, les transparences, la justesse des contrastes et des clairs obscurs s'organisent tel un point d'orgue, un équilibre de construction qui nous propulse dans une plénitude rétinienne et comme le dit fort justement Dominique Davin dans le savant dosage d'un monde diffus et lumineux.
Enfin, c'est probablement dans le travail du bois ciselé en fines fibres ou dentelures que propose Jean-Patrice Oulmont que se manifeste explicitement cette fragile présence invisible, cette tension du geste, ce besoin de rechercher ses racines, cette manière de faire, longue et silencieuse, souvent secrète et énigmatique, qui signe une communion permanente entre l'esprit et la matière.