Du 27 septembre au 24 novembre 2019
Vernissage de l’exposition le vendredi 27 septembre à 18h30
Artistes
Jean Durello, peintures / Raoul Colin, sculptures
« Les tumultes du corps se dispersent peu à peu. L'exposition « Coeurs, Corps, Gueules » s'est révélée dans une litanie affirmée de postures et de gesticulations.
A son terme, l'été se dévêt de sa grandiloquence et la respiration se fait plus solitaire. Les couleurs changent.
Comme une nature métamorphosée de l'être, la Minoterie accueille en ce mois d'octobre deux artistes qui renouent avec une autre idée de la contemplation. Une contemplation plus contenue, moins effeuillée. Celle qui se recroqueville dans le « mystère des choses », dans la rencontre improbable avec la matière, dans une suspension du temps, dans le doute et l'hésitation aussi.
La démarche de Raoul COLIN, qui pourrait bien flirter avec la patience du chaman, dissimule la quête d'une beauté dissimulée dans les lointains de la terre. Les apparences pariétales des oeuvres sont au prix de longues marches, de traversées, de promesses déçues, de perdition dans une nature sauvage et abandonnée. Comme si la beauté devait se mériter, Loin, loin, loin... C'est là que s'abandonnent au regard aiguisé des formes insolites et mystérieuses. L'artiste les arrache aux profondeurs pour se les approprier et leur insuffler une poétique fragile. Comme un envoûtement, voilà que ces formes signifiantes sont hissées comme des stèles, sur des socles, sublimant, telle une consolation leur emprunt.
Cette dimension alchimique n'est pas étrangère à l’oeuvre peinte et gravée de Jean DURELLO. A mi-chemin entre le visible et l'invisible, les mondes de l'artiste sont d'une immense subtilité. Au-delà de leur onirisme, ils laissent encore le sentiment de pouvoir être ou d'avoir été. Ils sont à la fois proches d'un jaillissement et d'un murmure mûrement élaboré. Une remontée à la surface, un arrachement de lumière. Par ses compositions aux allures complexes, l'artiste opère la reconstitution d'un élan vital, puisant sa force expressive au coeur d' « une minéralité vivante ». « La peinture vient de l'endroit où les mots ne peuvent plus s'exprimer » affirmait Gao Xingjian que l'artiste aime à citer. Solitude nécessaire, silence absolu, la trame exulte un fond lointain qui exige l'ascèse.
Tous deux réunis pourraient bien entretenir une longue correspondance des sens, sur les traces de Baudelaire ou de Brancusi, soulignant par leur recherche ce dégagement de l'essence cosmique, cette genèse, cette force venant de l'intérieur et s'écoulant vers l'extérieur, l'âme de la matière, son esprit... S'il en est un.
Peintures et sculptures pensent et suivent cette réalité cachée. Si l'aspect extérieur est leur réalité tangible, la substance intrinsèque est leur vérité. L'essentiel ne peut imiter la surface des choses. Il doit habiter ses failles. »
Alain-Jacques Lévrier-Mussat
Temps fort
Dimanche 6 octobre à 15h
Café art : discussion sur la thématique « Matières - Manières »
animé par Alain-Jacques Lévrier-Mussat (artiste-historien de l’art)
Libre participation